TOUS LES JOURS JE ME DEMANDAIS CE QUE JE FAISAIS LĂ
3 ans dĂ©jĂ que j’ai quittĂ© la vie de salariĂ©. Que c’est loin tout ça. Le mĂ©tro jusqu’Ă Boulogne, les horaires de bureau, les projets que tu ne choisis pas, le manque de libertĂ©, la course, la fatigue, la dĂ©motivation. J’avais fait le tour, je ne m’Ă©panouissais plus. Tous les jours je me demandais ce que je faisais lĂ . Il fallait que je parte et vite.
C’est vrai que cette envie est arrivĂ©e avec la naissance d’Anatole. Ă l’Ă©poque je travaillais dans une agence de pub. Je n’avais plus les mĂȘmes prioritĂ©s. La recherche de prix, rĂ©compenses et reconnaissances, je n’Ă©tais plus dedans.
Et puis j’avais fait des Ă©tudes plus basĂ©es sur le cĂŽtĂ© artistique. Ce qui me plaisait c’Ă©tait le dessin, le cĂŽtĂ© manuel. Et je me retrouvais Ă travailler sur des comptes tellement loin de ma sensibilitĂ©. Heureusement que mon blog me permettait d’exprimer autre chose, c’Ă©tait ma petite fenĂȘtre sur la libertĂ©.
D’ailleurs, mon blog m’a sĂ»rement donnĂ© le courage de partir. Il m’a permis de me rendre compte de ce que j’aimais vraiment.
OBTENIR UNE RUPTURE CONVENTIONNELLE UN VĂRITABLE COUP DE POUCE
En France, il existe la rupture conventionnelle. En gros, tu as un CDI, tu veux partir, alors en accord avec ton entreprise, vous Ă©tablissez une rupture de contrat. L’avantage c’est que tu as le droit au chĂŽmage, chose Ă laquelle tu n’aurais pas eu le droit en dĂ©missionnant. Et quand tu as en tĂȘte de monter ton entreprise, ou tout autre projet professionnel, c’est un vĂ©ritable coup de pouce.
En « accord avec ton entreprise » signifie bien qu’elle est en droit de refuser. Mais pour un patron, c’est aussi l’occasion de voir que tu es dĂ©terminĂ©, que tu as un nouveau projet de vie, que tu ne te plais plus dans l’entreprise. Je pense qu’il faut ĂȘtre clair, ne pas venir les mains dans les poches, mais expliquer pourquoi on veut partir : je ne me sens plus Ă ma place, d’ailleurs on me confie moins de travail, je ne m’entends pas avec mes collĂšgues et ça perturbe notre travail… Bref montrer que c’est bĂ©nĂ©fique pour les 2 parties.
Sans ça, je ne sais pas si j’aurais pu tout quitter sans filet.
PĂLE EMPLOI ET LES AIDES ACCORDĂES Ă LA CRĂATION DE VOTRE ENTREPRISE
J’ai tout de suite repris le travail. Vous dĂ©clarez dans ce cas vos revenus tous les mois et PĂŽle Emploi vous verse la diffĂ©rence de vos droits. En gros on retire de vos droits ce que vous avez gagnĂ© mois par mois ou plutĂŽt, on complĂšte votre revenu (petits revenus et droits pĂŽle emploi : non cumulables). Le temps de trouver des contacts, des projets, des gens qui vous font confiance, lĂ aussi ça a Ă©tĂ© un vĂ©ritable coup de pouce. Surtout si d’un mois Ă l’autre les revenus sont inĂ©gaux.
Et je me suis rendue compte au bout de quelques mois qu’il Ă©tait temps que je me lance et que je crĂ©e mon entreprise, mon statut d’auto-entrepreneur. LĂ encore, si vous crĂ©ez votre entreprise pendant vos droits PĂŽle Emploi, vous pouvez obtenir des aides :
1- L’aide de votre conseiller PĂŽle Emploi pour les dĂ©marches et la paperasse. Avoir en face de soi une personne pour rĂ©pondre Ă vos questions et qui vous oriente c’est bien pratique.
2- L’ARCE : Le versement de vos droits PĂŽle emploi en 2 versements.Vous pouvez demander le capital d’une partie de vos droits restants. Ce qui correspond Ă 45% de ce que vous auriez touchĂ© si vous Ă©tiez restĂ© inscrit Ă PĂŽle Emploi jusqu’Ă la fin de vos droits. PremiĂšre moitiĂ©Â Ă la crĂ©ation de votre statut, puis 2Ăšme moitiĂ© 6 mois aprĂšs. C’est ce que j’ai choisi. On se libĂšre complĂštement de PĂŽle Emploi, plus besoin de pointer tous les mois. Et quand vous lancez votre entreprise, toucher le capital peut ĂȘtre utile si vous avez besoin d’investir dans du matĂ©riel. Moi, il m’a surtout permis d’assurer mes arriĂšres les premiers mois oĂč je ne gagnais pas assez.
3- Si dans les 2 ans, vous vous rendez compte que votre entreprise n’est pas viable pour X raison. Vous pouvez la fermer et reprendre vos droits Ă pĂŽle emploi. Il vous reste dans ce cas lĂ , les 55% non touchĂ©e Ă la crĂ©ation de votre entreprise sur vos droits restants.
4- ACCRE : un allĂ©gement des cotisations URSSAF. Pour mon statut, les charges payables Ă l’URSSAF sont de 25,5 % sur le chiffre d’affaires. Quand on touche l’ACCRE, on paye la premiĂšre annĂ©e 5,5%, puis 11,5% la deuxiĂšme, et 17,5% la troisiĂšme. Ce qui est considĂ©rable comme aide pour ces premiĂšres annĂ©es un peu charniĂšres.
LES RISQUES
Quitter le salariat pour devenir auto entrepreneur, c’est prendre des risques Ă©videmment. Fini le confort : la mutuelle, les tickets resto, l’intĂ©ressement Ă la fin de l’annĂ©e, le congĂ© mat de 4 mois, les congĂ©s payĂ©s, les RTT, les jours enfant malade, la carte de transport remboursĂ©e Ă 50% et j’allais oublier le plus important : le salaire qui tombe tous les mois.
Les mois difficiles ? Il y en a. Il ne faut pas se le cacher. S’assurer un travail rĂ©gulier est quasi impossible. Ton statut d’auto entrepreneur ne te le permet pas. Il y a cette incertitude qui plane au dessus de ta tĂȘte. L’attente des paiements est long parfois. Il y a les clients qui payent le jour mĂȘme de la rĂ©ception des factures mais ils sont peu. Il y a ceux qui attendent le dĂ©lai lĂ©gal de 3 mois. Et ceux qui le dĂ©passent largement et Ă qui tu es obligĂ© d’envoyer maintes relances. Toi pendant ce temps lĂ tes factures n’attendent pas.
MON BILAN 3 ANS APRĂS
Mais ce que j’y ai gagnĂ© avec le recul ne me ferait pour rien revenir en arriĂšre.
Mon objectif de salaire Ă©tait de gagner au moins ce que je gagnais avant. L’annĂ©e 2015, j’y suis arrivĂ©e alors je maintiens le cap. De toutes maniĂšres il faut savoir que vous avez un plafond de chiffre d’affaires Ă ne pas dĂ©passer si vous ĂȘtes auto entrepreneur qui est de 32 000 âŹ. C’est pas mal me direz vous, mais Ă cela il faut retirer 25,50% de charges payables Ă l’URSSAF.
Je continue de faire mon mĂ©tier de graphiste. Je n’accepte pas que des projets intĂ©ressants. Et oui, il faut bien vivre et ça serait trop beau. Mais dĂšs que je le peux, je dĂ©gage du temps pour mon blog. Mon blog m’apporte occasionnellement des projets rĂ©munĂ©rĂ©s. Des projets crĂ©atifs via des DIY et des ateliers pour des marques. Je ne vous le cache pas : j’adore ça. J’inscris maintenant ces projets dans mes journĂ©es de travail et plus le week-end, la nuit ou pendant mes pauses dej.
Je suis devenue aussi comptable. Mais vraiment, avec un peu de rigueur, ce n’est pas compliquĂ©.
Et surtout, je suis + à la maison et plus disponible pour mon fils. J’ai mĂȘme pu dĂ©gager la plupart de mes mercredis pour les passer avec lui. Les soirĂ©es commencent plus tĂŽt. J’alterne moments de rush et moments plus calme : aucune semaine ne se ressemble.
Vous aurez compris, mĂȘme si la dĂ©cision a Ă©tĂ© difficile Ă prendre Ă cause de cette peur de l’inconnu. Je ne regrette pas mon choix et ma petite famille non plus.
*En photo, mon secrétaire vintage : mon meuble de travail préféré à la maison.
16 Comments
Un atelier au fond des bois
27 avril 2016 at 15 h 01 minton article est super motivant!
Bravo pour ta décision, que fais tu exactement? Tu es graphiste?
Anneso_lesmoustachoux
27 avril 2016 at 15 h 16 minOui pour simplifier, c’est ça.
Mlle Frisette
27 avril 2016 at 15 h 32 minCoucou !
Tout ça me parle car j’ai Ă©tĂ© auto entrepreneur aussi il y a quelques annĂ©es mais en plus de mon travail. Et puis mon conjoint Ă crĂ©Ă© une scop il y a un an et demi et les dĂ©marches pĂŽle emploi tout ça tout ça, on connaĂźt ! FĂ©licitations, cela demande beaucoup de courage de se mettre Ă son compte et d’y rester et j’en serais incapable !
Belle soirée
Vernet
27 avril 2016 at 15 h 46 minJai fait le meme choix que toi
Et je ne regrette pas.
Et en plus jai un magnifique logo đ
Bravo
merci ginette
27 avril 2016 at 20 h 46 minJe n’ai pas eu la chance d’obtenir une rupture conventionnelle en partant il y a deux mois, j’ai dĂ» dĂ©missionner, et je traverse mon deuxiĂšme et dernier (ouf!) mois sans salaire, aie aie aie !
Comme toi je voulais me lancer Ă mon compte, mais entre temps j’ai retrouvĂ© en travail qui me plait, c’est donc reparti, et le projet perso remis Ă plus tard.
Si tu ne t’Ă©panouissais plus, tu es bien fait de partir, l’argent ne fait pas toujours le bonheur, mieux vaut s’accomplir autrement.
Ta déco est toujours aussi joli, bises, Elise
LekiLuLi
28 avril 2016 at 8 h 37 minMerci pour cet article.
Dommage que ce systĂšme n’existe pas chez nous en belgique!
Je songe Ă quitter mon travail pour reprendre des etudes afin de devenir institutrice, et me libĂ©rer ainsi aussi du temps pour me consacrer Ă mon projet couture. Mais la decision est difficile Ă prendre, car le manquĂ© Ă gagner sera clairement au rdv, et les 4 annĂ©es d’Ă©tudes risquent d’ĂȘtre vraiment dures.
Mais ma grossesse actuelle me conforte dans cette voie, Ă quoi bon faire des enfants que je ne verrai que les week-ends? Enfin tout ça est bien compliquĂ©… mais il va bien falloir que je prenne une decision avant septembre!
Lucky Sophie
28 avril 2016 at 9 h 06 minBravo pour ce rĂ©sumĂ© super clair ! J’ai fait pareil et aprĂšs 3 ans et demi de freelance je suis comme toi satisfaite et bien plus Ă©panouie dans ma vie de working mum (par contre loin d’Ă©galer mon salaire d’avant mais j’ai beaucoup moins de frais de garde !).
Rosalie and co
28 avril 2016 at 10 h 26 minCa me demange….mais je crois que jamais je n oserai…..bravo en tt cas biz
Mlle Totoro
28 avril 2016 at 12 h 58 minSuper partage d’expĂ©rience, tes explications sont trĂšs claires en plus.
Bravo d’avoir fait ce choix.
Je suis moi-mĂȘme en profession libĂ©rale et n’envisage pas une seconde me retrouver Ă travailler en tant que salariĂ©e d’une entreprise, Ă devoir rendre des comptes.
Pour moi c’est la libertĂ©. N’avoir de compte Ă rendre qu’Ă tes seuls clients. GĂ©rer ton emploi du temps, pouvoir ĂȘtre disponible quand nĂ©cessaire pour prendre soin de notre enfants (et celui Ă venir đ ).
Bon par contre, cĂŽtĂ© congĂ© maternitĂ© on a connu mieux en statut, car je ne sais pas pour toi, mais en ce qui me concerne c’est vraiment trĂšs trĂšs light!
Bises
Eugenie
28 avril 2016 at 19 h 13 minJe suis en plein basculement de la vie de salariĂ©e Ă auto-entrepreneur. Ton article Ă©tait trĂšs intĂ©ressant Ă lire. Plus que les tips qui ne me concernent pas vraiment (je ne suis pas au rĂ©gime gĂ©nĂ©ral chez Pole Emploi), ton vĂ©cu m’intĂ©resse beaucoup. Merci pour ce partage !
Mincir avec FIT
28 avril 2016 at 22 h 21 minMoi aussi j’ai tout arrĂȘtĂ© il y a 20 ans. J’ai repris mes Ă©tudes, et j’ai pu me former en naturopathie. Je suis mon propre patron. Je travaille quand je veux. Je choisis mes horaires. C’est gĂ©niale.
la Fourmi Elé
29 avril 2016 at 8 h 20 minça n’est pas une dĂ©marche Ă©vidente et l’incertitude peut parfois gagner du terrain !! Bravo !!
Aurélie
29 avril 2016 at 10 h 52 minBravo pour t’ĂȘtre mise Ă ton compte, sacrĂ© pas Ă franchir!
Je l’ai fait aussi et je conseillerais Ă toutes celles qui veulent se mettre Ă leur compte de faire un rendez-vous avec une comptable pour faire un point. En effet les dĂ©marches sont relativement simples et on peut se dĂ©brouiller seule, mais il y a tellement de subtilitĂ©s! J’ai appris par exemple que les bĂ©nĂ©ficiaires de l’ACCRE de validaient pas de trimestre pour la retraite, on m’a expliquĂ© comment Ă©taler mes facturations de maniĂšre Ă justement valider mes trimestres malgrĂ© mes revenus trĂšs irrĂ©guliers ou bien Ă quel moment changer de statut serait intĂ©ressant (ou pas) dans mon casâŠ
Bref, s’informer et se faire aider peut ĂȘtre vraiment bĂ©nĂ©fique pour la suite de ta carriĂšre freelance!
mylene
9 mai 2016 at 10 h 01 minBravo Ă toi!
Il en faut du courage pour se lancer!
Une question qui te paraitra peut ĂȘtre bĂȘte, pourquoi ne pas avoir choisi de faire une micro BNC et cotiser Ă la maison des artistes?
Celine
28 juillet 2018 at 22 h 33 minEt le bilan 2 ans plus tard ?
Anneso_lesmoustachoux
30 juillet 2018 at 13 h 28 minHello, c’Ă©tait dĂ©jĂ un bilan 3 ans aprĂšs. En fin de billet il y a un petit bilan.